L’offre et la demande sont des concepts économiques clés qui tentent d’expliciter le prix que le marché est prêt à payer pour un produit donné lorsque la quantité produite est égale à la quantité demandée. Cette interaction est essentielle à l’analyse du prix d’un future.
Les analystes fondamentaux se servent de leur connaissance des facteurs d’offre et de demande pour définir s’ils considèrent le future cote à sa juste valeur et si son prix va augmenter ou baisser.
Les facteurs qui affectent l’offre et la demande sont nombreux et très corrélés, tandis que le comportement du marché est complexe. Les traders doivent se concentrer sur les principales variables qui selon eux influencent le plus le prix de chaque matière première.
Citons notamment les facteurs suivants :
Facteurs propres à un marché spécifique
Interactions avec d’autres marchés interconnectés
Interactions avec l’économie au sens large
Cycles naturels
Prix au comptant et prix à terme
Facteurs de marché uniques
Certains marchés évoluent en fonction de facteurs d’offre et de demande qui leur sont propres et qui influencent peu les autres marchés, voire pas du tout.
Par exemple, les conditions météorologiques sont particulièrement importantes pour l’offre de matières premières agricoles comme le soja, mais moins pour des marchés tels que l’or ou les indices actions. Les traders peuvent apprendre à connaître les facteurs spécifiques qui concernent leur secteur, et les suivre au cours de leurs négociations.
Lors du cycle de croissance des cultures, les moments où la météo peut avoir un effet majeur sur les rendements des récoltes se limitent à la plantation, la croissance et la récolte. Un climat trop humide ou trop sec pendant ces périodes peut nuire à l’offre. En revanche, si les conditions sont favorables sur l’ensemble du cycle, les rendements peuvent augmenter. Selon les années, l’offre peut être excédentaire ou basse.
De l’autre côté du spectre, la météo influe moins sur l’offre d’or ou de pétrole brut, ainsi que sur les activités minières et de forage.
Toutefois, l’or subit davantage les variations de l’inflation que le soja.
Marchés interconnectés
L’offre et la demande peuvent également être corrélées ; il arrive qu’un future représente un apport pour un autre. Les marchés des futures sont interdépendants et cette corrélation peut être évaluée et étudiée par l’analyste fondamental.
Par exemple, le maïs peut servir à nourrir le bétail et à fabriquer de l’éthanol. Un trader de maïs analysera le marché du maïs et sa corrélation à ceux du bétail et de l’éthanol.
Prenons par exemple les futures sur le pétrole brut et l’essence. Le prix des futures sur l’essence peut être influencé par l’offre et la demande d’essence, mais aussi par le prix de la matière première qui la constitue.
Si le trader ne s’intéresse qu’à l’offre et à la demande d’un seul marché, il risque de manquer un effet important sur un marché corrélé.
Variables économiques
Les variables économiques jouent également un rôle majeur dans la fixation des prix des futures.
Les statistiques économiques sont publiées à intervalles réguliers et peuvent avoir un impact considérable sur les prix des différents secteurs. Des dizaines de statistiques économiques sont publiées chaque jour, avec des calendriers publiés en ligne. Si la plupart des données n’ont pas d’incidence directe sur le marché, certaines d’entre elles peuvent influencer considérablement le marché lors de chacune de leurs publications. Les annonces comme le taux de chômage, le PIB et les décisions prises par le FOMC en matière de taux d’intérêt ont une véritable influence sur les marchés et sont suivies de près par les traders.
Ces derniers doivent connaître les dates de publication des statistiques économiques et leur impact sur le marché, qui peut varier selon les données et le moment. Il est essentiel de comprendre le rôle joué par les données dans l’environnement économique actuel et le degré d’importance que leur accorde le marché.
Il arrive que certaines données aient plus ou moins d’impact sur les marchés selon la période. Quand le pétrole brut avoisinait 100 $, les rapports de stocks de pétrole brut ont eu un impact non seulement sur le pétrole brut, mais aussi sur le S&P 500. L’impact actuel des rapports se limite au marché de l’énergie, c’est pourquoi ils sont moins importants pour les traders des autres marchés.
Le logement est également un indicateur qui a des effets variés. Alors que l’économie sortait de la récession économique de 2008, les statistiques sur le logement étaient très importantes, les prêts hypothécaires et le crédit ayant joué un grand rôle dans la crise. Après 2008, pendant longtemps, les traders attendaient avec impatience la publication des dernières données sur le logement qui influençaient le marché dans son ensemble. Maintenant que les prêts hypothécaires et le crédit posent moins problème, les chiffres de l’immobilier ont un effet limité sur le marché.
Les contrats de futures font l’objet de publications de statistiques économiques spécifiques à leur secteur.
Par exemple, les rapports de l’USDA sur l’état des cultures concernent uniquement les futures agricoles, et détaillent les conditions d’ensemencement, la progression de la croissance et les résultats des récoltes. Ils sont mis à jour tout au long de la saison agricole, et les prix à terme réagissent aux données, à la hausse si les rendements prévus des récoltes baissent, à la baisse si les rendements des récoltes sont plus élevés que prévu.
Les rapports météorologiques constituent un autre type de rapport spécifique aux traders agricoles, des conditions trop sèches ou trop humides pouvant avoir un impact sur les rendements des récoltes et, in fine, sur le prix.
Cycles naturels
Dès lors que de nombreux futures concernent des matières premières dont l’offre n’est pas continue, comme le maïs, ou connaissent une plus forte demande à certaines périodes de l’année, comme le mazout, ces tendances saisonnières en matière d’offre et de demande créent des cycles naturels qui influencent le prix de ces titres.
Par exemple, les terres sont ensemencées et les cultures récoltées certains mois de l’année. Il va sans dire que l’offre ne va pas augmenter après la récolte jusqu’à la saison suivante.
Les matières premières liées au fioul, comme le mazout, connaissent une demande naturellement plus élevée à certains moments de l’année. Au cours des mois d’hiver, la demande de mazout est plus élevée, car de nombreux propriétaires l’utilisent pour chauffer leur maison.
Prix au comptant et prix à terme
Une autre variable unique de l’établissement des prix des futures est le fait qu’ils se rapportent à une date ultérieure, alors que les prix au comptant correspondent au prix payé lors de l’achat immédiat d’une matière première.
Le prix du marché des futures se base sur une livraison à une date future déterminée. En d’autres termes, le prix au comptant et le prix à terme évoluent différemment au cours du contrat de future et ne convergent qu’à l’expiration de ce dernier. Avec le temps, les prix à terme et les prix au comptant convergent et divergent.
Report et déport
Les marchés des futures entretiennent des relations naturelles avec les prix au comptant. Par exemple, la relation entre les futures et le prix au comptant est différente pour le pétrole brut et le soja. Les marchés à terme et au comptant peuvent entretenir deux types de relation : le report et le déport.
Le report, qui correspond à la situation où le prix à terme est supérieur au prix au comptant, est la relation la plus courante. Pourtant, certains futures se négocient en déport, c'est-à-dire que le prix au comptant de la matière première est supérieur à son prix à terme.
L’analyste fondamental déterminera si la relation entre les prix au comptant et les prix à terme correspond ou non à la tendance naturelle. Cela aura un impact sur l’évolution future des prix.
Par exemple, les produits non agricoles se négocient généralement en report, quand le prix à terme est plus élevé que le prix au comptant. Cela s'explique essentiellement par la charge de portage liée à l’achat au prix au comptant actuel, au stockage de la matière première, comme le cuivre, et à sa vente ultérieure. Le détenteur de la matière première physique devra être dédommagé pour ces coûts. Par conséquent, le prix à terme est plus élevé ; si ce n’est pas le cas, il existe alors des possibilités d’arbitrage.
Toutefois, les produits agricoles se négocient généralement en déport, quand le prix à terme est moins élevé que le prix au comptant. Le déport s’explique par le fait qu’après la récolte, l’offre ne peut que diminuer jusqu’à la récolte suivante, créant une situation où les prix au comptant peuvent augmenter vers la fin du cycle de l’offre. Les contrats futures qui expirent après la récolte suivante peuvent être moins chers étant donné que l’offre sera supérieure une fois la récolte suivante terminée.
Le trader voudra connaître la situation particulière du future qu’il négocie et surveillera si les prix à terme passent de report à déport, ou inversement.
Conclusion
Chaque marché à terme est soumis à des facteurs d’offre et de demande qui lui sont propres. Un trader souhaitera déterminer les facteurs les plus importants et compiler soigneusement les données nécessaires pour étayer son analyse et ses décisions de trading.